Quelles sont les conséquences du (cyber-)harcèlement ?

Le (cyber-)harcèlement entre jeunes, bien qu’il soit moins fréquent que le harcèlement en face à face, reste une situation auquel de nombreux jeunes sont confrontés.

De plus, bien qu’une certaine résilience puisse être développée par les jeunes, les conséquences que peuvent avoir une situation de (cyber-)harcèlement sur ceux.celles-ci –que ce soit en tant que cibles, en tant qu’auteur.trices, en tant qu’auteur.trices et cibles à la fois, ou encore en tant que témoins – ne sont pas à prendre à la légère. Quel que soit le protagoniste, une situation de (cyber-)harcèlement aura toujours des conséquences sur le court, le moyen et le long terme.

NOTES : « Aujourd’hui, on parle beaucoup de cyberharcèlement et l’on considère généralement qu’il s’agit d’un phénomène plus répandu et plus grave que le harcèlement en présentiel. Ce n’est toutefois pas exact ». + distinction cyberharcèlement (répétitif) et cyberviolence (ponctuel) (L. Mesnil, C. De Lathouwer (2022). Le harcèlement entre jeunes – les clés pour comprendre et agir, p.19). Avec l’arrivée du nouveau code Pénal (adopté le 29 février 2024 et entrera en vigueur le 09 avril 2026) (1) il n’y aura plus de distinction entre harcèlement et cyberharcèlement ; (2) l’un et l’autre n’aura plus besoin d’être répétitif pour être condamnable ; (3) calomnie, diffamation et divulgation malveillante seront regroupé sous « calomnie » .

Pour la cible

Pour la cible, le (cyber-)harcèlement engendre principalement des troubles internalisés. Ces conséquences sont d’autant plus prononcées lorsque la situation de harcèlement est longue, ou intense. De plus, étant donné que ces troubles internalisés apparaissent au moment de la construction identitaire du jeune, ceux-ci peuvent se cristalliser et faire partie du Soi de la cible : « Je suis comme ça et je ne peux rien y faire ». La souffrance morale est parfois difficile à saisir dans son intensité mais on sait que les conséquences les plus dramatiques peuvent pousser un.e jeune au suicide.

Lorsque le (cyber-)harcèlement survient la cible peut ressentir un sentiment de honte, de l’incompréhension et même de la culpabilité. Il faut rappeler ici qu’une situation de harcèlement n’est ni normal, ni de la faute de la cible et qu’un soutien peut toujours être trouvé. Il s’en suivra une perte de confiance en soir, plus d’introversion et possiblement  à une plus grande anxiété et à la dépression. La cible va potentiellement changer son comportement envers les autres, elle ne saura plus faire confiance à autrui (d’autant plus lorsqu’elle a déjà tenté d’en discuter avec un adulte et que ce dernier ne lui a pas apporté le soutien désiré ou pire, qu’il tienne pour responsable de la situation, la cible elle-même). Du fait de cette méfiance envers les autres et de son manque de confiance en soi, même lorsque la cible change (ou est changée) d’école, elle sera plus susceptible d’être à nouveau la cible de (cyber-)harcèlement. Attention qu’il ne s’agit pas là d’une fatalité. 

NOTES : d’expérience, les jeunes plus introverties, manquant de confiance en soi, aura plus tendance à se conformer à l’avis du groupe même lorsque ce dernier à tort et que la personne le sait (exemple : dans un groupe classe on applique le test de Asch sur le conformise : On demande ou sélectionne une personne pour sortir de la classe, trois barres dessinées au tableau de différentes longueur (A la plus longue, C la plus courte), il est demandé à la classe et au professeur – argument d’autorité – de dire que la ligne C est la plus longue. On fait entrer l’élève et l’un a l’autre on interroge différents élèves de la classe qui nous indiqueront que la ligne la plus longue est la C, ensuite le professeur et enfin la personne qui est rentrée. Si A = confiance en son jugement et l’affirme en disant même que son professeur se trompe. Si B = l’élève sait que la ligne A est la plus longue, mais ne veut pas non plus que son avis diverge trop du groupe. Si C = l’élève rejoint entièrement l’avis du groupe tout en sachant que c’est faux).

Il se peut aussi que, spécifiquement au cyberharcèlement, le rôle des spectateurs/témoins qui évoluent dans l’espace public d’internet, contribue à renforcer le sentiment d’oppression et les souffrances de la cible qui se sent ainsi exposée dans sa détresse devant le monde entier. Une fois encore, le rôle de ces spectateurs peut néanmoins être déterminant dans la persistance du phénomène ou dans la résolution de celui-ci.

Pour le témoin

Les jeunes qui sont témoins de situation de harcèlement ressentiront un sentiment de stress, d’angoisse et in fine un sentiment d’insécurité au sein l’école. Ils.elles auront peur qu’un jour, se soient eux.elles-mêmes qui seront pris.es pour cible. Ils.elles feront dès lors attention à tout ce qu’ils.elles feront, diront et ainsi éviter à tout prix de donner le moindre prétexte… S’en découlera, comme pour les cibles de (cyber-)harcèlement, une baisse de confiance en soi, et une perte de confiance envers les autres qui pourront également se cristalliser si aucune action n’est mise en place pour écouter leur mal-être et trouver des solutions.

Pour l’auteur.trice

Pour l’auteur.trice, adopter ce type de comportements sur le long terme peut entraîner des troubles comportementaux. L’auteur.trice va probablement développer l’idée que les rapports de force malsains sont normaux, que ses actes n’ont pas de réel impact, n’aura pas d’empathie car il.elle ne voit pas les souffrances de sa cible. La dépersonnalisation va pousser l’auteur.trice à se déresponsabiliser de ses actes qu’ils soient virtuels ou non.

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MAJ 2024