Quelles sont les origines du Sida ?
Les premiers cas suspects de Sida ont été observés aux Etats-Unis au début des années 1980. L’information a atteint le grand public via un article publié dans le “ New York Times ” du 3 juillet 1981. C’est au sein de la communauté homosexuelle qu’apparurent les premiers symptômes épidémiologiques indiquant que la maladie, pas encore nommée, est transmissible par voie sexuelle. Ces symptômes sont surtout des affections pulmonaires (pneumonie à pneumocystis), une infection buccale grave (le Muguet), parfois la leucémie, l’amaigrissement et surtout une importante diminution de l’immunité naturelle (virus de l’immunodéficience humaine, soit le VIH).
Dès 1982, les chercheurs scientifiques découvrirent que la transmission du VIH pouvait se faire également par le sang, surtout lors de transfusions sanguines. Il n’atteint donc pas que les homosexuels et les toxicomanes. Ce virus du VIH provoque le Sida, celui-ci étant le stade actif de la maladie. Fin 1981, un premier cas est signalé en France. En 1982, le Sida a touché 251 Américains dont 99 sont décédés. Les premiers cas sont identifiés en Belgique chez des malades venus de République démocratique du Congo. Les chercheurs pensent qu’avec l’Indépendance du Congo en 1960, les changements intervenus dans la société ont entraîné la propagation du virus de petits groupes de personnes séropositives vers des populations plus étendues à la fin des années 1970.
Très vite, on parlera d’épidémie car tous les continents sont atteints. Tous les grands laboratoires de recherche scientifique internationaux se mobilisent pour définir et tenter de circonscrire la maladie dont l’Institut Pasteur à Paris et l’équipe du Dr Montagnier qui feront énormément avancer la recherche. Mais des traces anciennes permettent aujourd’hui de supposer que la maladie est restée inconnue bien longtemps. Les premières preuves tangibles remontent à 1950 (l’analyse en 1983 du sérum d’un homme mort au Congo en 1950 révèle l’existence du VIH) et l’on peut penser que ce virus a toujours existé mais s’est manifesté sous d’autres formes (Sarcome de Kaposi : grave maladie de la peau, découverte par ledit Kaposi en 1872, le virus de l’Herpès). Une épidémie de sarcome de Kaposi se répandit au Congo et en Ouganda en 1930, deux pays où l’épidémie du sida est aujourd’hui endémique.
En 1985, les premiers tests de dépistage furent mis au point et testés et le criblage systématique du sang destiné à la transfusion et à la fabrication de produits sanguins fut réalisé après le scandale du sang contaminé en France.
Dès 1986, vu la gravité de la situation dans le monde, le 1er décembre a été décrété « Journée Mondiale du SIDA » par l’OMS.
Les premières lueurs d’espoir pour les malades arrivèrent avec la découverte d’une molécule antivirale : l’AZT.
En 1989, 138 souches différentes de HIV ont été recensées. En 1990, le nombre estimé de malades du SIDA dans le monde est de 1 million.
Aujourd’hui, personne ne sait encore avec certitude d’où viennent ces souches du virus de l’immunodéficience humaine. De nombreuses théories ont circulé mais aucune d’entre elles n’a été prouvée ou réfutée inconditionnellement.
Comment s’est propagé le Sida ?
Le VIH s’est rapidement propagé par les modes connus de contamination : lors des rapports sexuels (homo-bi et hétérosexuels, multipartenaires…), contacts sanguins (seringues contaminées qu’on s’échange par exemple), transfusions, par voie “materno-fœtale”.
La libération des mœurs des années 60-70, dans les pays occidentaux, a certainement permis sa propagation, tout comme la “mobilité” accrue des populations par les voyages et la multiplication des contacts humains intercommunautaires.
Dans d’autres régions du monde, la polygamie, mais aussi la prostitution ou le manque d’hygiène souvent dû à des situations économiques lamentables, ont pu favoriser sa propagation. Dans certains pays, de très jeunes filles et femmes se prostituent sans se protéger par pure nécessité pour survivre ou pour soutenir leur famille.
On a dit que le virus est apparu chez le singe et aurait été transmis à l’homme. Le VIH a-t-il toujours existé ?
De nombreuses personnes et scientifiques pensent que le VIH était au départ une maladie animale qui aurait été transmise à l’homme. Ce passage se produit parfois dans la nature ; c’est le cas de beaucoup d’autres maladies animales, tel le virus d’Ebola.
Selon cette théorie, le VIH pourrait provenir de certains types de singes ou de chimpanzés. Certains virus qui touchent les singes, appelés virus de l’immunodéficience simienne (SIV) sont étroitement liés au VIH. Des chercheurs pensent qu’un de ces virus aurait pu se transformer en VIH, qu’en chassant et en mangeant des chimpanzés, les humains auraient pu le contracter. Les chercheurs des universités britanniques d’Oxford et belges de Louvain pensent qu’entre les années 1920 et 1950, l’urbanisation rapide, la construction des chemins de fer en République démocratique du Congo, les changements dans le commerce du sexe ont favorisé l’émergence et la propagation du Sida à partir de Kinshasa.
1981 : une date butoir dans l’histoire du Sida ?
Cette année-là, les scientifiques du monde entier se sont aperçus de la corrélation entre diverses manifestations du virus et surtout de la déficience immunitaire généralisée chez tous les malades atteints. Ils se sont alors concertés (pas toujours avec bienveillance au niveau de la concurrence entre laboratoires, firmes pharmaceutiques, pays…) pour lutter et découvrir les souches de ce mal qui envahissait la planète. Le diagnostic put être établi petit à petit, au cours des découvertes et des recherches poursuivies. Fin 1981, les premières données épidémiologiques indiquaient que le SIDA était une maladie infectieuse transmissible par voies sexuelles et sanguines. Depuis, ce fut la mobilisation générale dans le milieu médical, dans le monde scientifique puis politique. D’énormes moyens techniques et financiers furent dégagés. Des hôpitaux importants ont créé des services spécialisés, tant pour la recherche que pour traiter les patients. La recherche d’un vaccin, encore inconnu aujourd’hui, s’intensifia des deux côtés de l’Atlantique. Les campagnes d’information et de sensibilisation du grand public virent le jour.
Depuis quand peut-on parler d’une « épidémie pandémique » ?
L’ampleur de la crise du SIDA est toujours bien présente et de nombreux pays connaissent de graves épidémies de VIH/SIDA.
En Belgique, d’après la Plate-forme prévention sida, au cours de l’année 2019, 923 infections par le VIH ont été diagnostiquées en Belgique, soit 2,5 diagnostics par jour.
En 2022, 597 nouveaux diagnostics d’infections par le VIH ont été établis en Belgique, soit en moyenne 1,6 nouveaux diagnostics par jour. Parmi ceux-ci, 69,4 % étaient des hommes. 71,3% des cas de VIH ont été diagnostiqués chez des personnes âgées de 25 à 49 ans. Les personnes de 20 à 49 ans représentaient 78 % des diagnostics de séropositivité en 2019.
En 2022, 248 nouveaux diagnostics de VIH ont été posés chez des HSH ; cela représente une diminution de 5 % par rapport à 2021, la tendance à la baisse des années précédentes est ainsi poursuivie. Seulement chez les 20-29 ans, on observe une augmentation des diagnostics depuis 2 ans (+34 % par rapport à 2021).
Les taux de diagnostics du VIH les plus élevés chez les hommes sont observés dans l’arrondissement de Bruxelles, suivi de l’arrondissement d’Anvers et chez les femmes, également à Bruxelles, suivie des arrondissements d’Arlon et d’Anvers.
En 2022, Sciensano a estimé que le nombre de personnes vivant avec un VIH non diagnostiqué en Belgique était de 622 personnes. Depuis 2011, le nombre estimé de personnes avec une infection par le VIH non diagnostiquée semble diminuer de manière constante.
Sources : https://www.sciensano.be/en/biblio/epidemiologie-du-vih-en-belgique-situation-au-31-decembre-2022
Les dernières statistiques mondiales sur l’état de l’épidémie du sida en VIH indique que :
- 39 millions de personnes vivaient avec le VIH en 2022 ;
- 1,3 million de personnes sont devenues nouvellement infectées par le VIH en 2022 ;
- 630000 personnes sont décédées de maladies liées au sida en 2022 ;
- 29,8 millions de personnes avaient accès à la thérapie antirétrovirale en 2022.
(Données statistiques : Onusida)
MAJ 2023