Les actions du Mouvement contre le discours de haine
En tant que jeune, tu as certainement déjà été confronté à des contenus/discours haineux en ligne, voir à du cyberharcèlement. Les pages de cette rubrique t’aideront à t’en protéger et savoir quoi faire lorsque tu es confronté à ce type de contenus. Sache déjà que certaines règles de prudence sont d’application pour ne pas être confronté ou ne pas diffuser ce type de contenu :
– Je paramètre mes différents comptes et applications (compte privé/public, paramètres de confidentialité, gérer ce à quoi l’application peut ou non avoir accès…) ;
– Je construis mon identité numérique et évite de partager trop d’informations personnelles ;
– J’écris ou publie sur les réseaux sociaux avec prudence (qui aura accès à l’information, quelle(s) information(s) je donne…) ;
– Je ne publie pas n’importe quelle photo ou vidéo (droit à l’image, contenus préjudiciables voir illicites…) ;
– Je n’envoie pas, ou prends d’énormes précautions lorsque j’envoie des « nudes » (ne pas le faire sous la pression, ne pas montrer son visage…) et je ne relais/diffuse pas des photos ou vidéos que l’on m’envoie et je réagis (en parler avec la personne concernée, fait appel à un adulte…).
Mais d’abord, sais-tu ce qu’est un discours de haine ?
L’Organisation des Nations Unies définis les discours de haine comme « tout type de communication, orale ou écrite, ou de comportement, constituant une atteinte ou utilisant un langage péjoratif ou discriminatoire à l’égard d’une personne ou d’un groupe en raison de leur identité, en d’autres termes, de l’appartenance religieuse, de l’origine ethnique, de la nationalité, de la race, de la couleur de peau, de l’ascendance, du genre ou d’autres facteurs constitutifs de l’identité ».
Et à ceux et celles qui rétorquerons « Et ma liberté d’expression alors ? », n’oubliez pas qu’on peut tout penser (liberté d’opinion) mais on ne peut pas tout dire (liberté d’expression). En effet, l’incitation à la discrimination, à la haine, à la violence, au sexisme, au racisme, à la ségrégation mais aussi les injures, le négationnisme, le non-respect de la vie privée, le non-respect du droit à l’image, la diffamation et le (cyber)harcèlement sont autant de limites à la liberté d’expression du fait que ces différents faits peuvent porter atteinte à la dignité, à l’honneur ou à la vie privée de la ou des personne(s) visée(s) et sont donc illégales/illicites (plus d’infos sur le site d’Unia).
Mais, selon une étude de UCL menée à la demande de UNIA, des discours n’incitant pas ouvertement à la haine mais qui se base sur un discours implicite sont souvent utilisés sur les réseaux sociaux. Il s’agit des discours gris, qui sont à la frontière entre une opinion et un discours de haine.
Ces discours « contribuent à véhiculer une image très monolithique et négative de certains groupes sociaux. Et malheureusement, lorsque cette image négative est dépeinte de manière récurrente, elle s’inscrira in fine dans l’imaginaire collectif et formera une représentation négative des personnes d’autres groupes. C’est ce qu’on appelle des stéréotypes. Ces stéréotypes engrangent des émotions, des préjugés. Enfin, ces croyances et ces émotions, orienteront, même inconsciemment, notre comportement. « Ce que nous pensons des autres [stéréotypes] et les émotions qu’ils déclenchent en nous [préjugés] orientent souvent notre comportement à leur égard [discrimination] ».
« Tout type de communication », concrètement qu’entend-on par-là ?
Le discours de haine peut prendre de nombreuses formes : le cyberharcèlement, la discrimination, des messages menaçants, insultants, des atteintes à mon droit à l’image, le non-respect de mon droit à la vie privée, etc. Les discriminations et les discours de haine peuvent être liés à une personne mais aussi, par exemple, à un groupe en lien avec le genre. Les discours de haine peuvent donc être véhiculés par toute forme d’expression et sont discriminatoires (pour en savoir plus sur les discriminations c’est ici).
Quelles actions pour lutter contre les discours de haine ?
Le « Mouvement contre le discours de haine » (No Hate Speech Movement), lancé par le secteur jeunesse du Conseil de l’Europe en 2013, est une campagne contre les discours de haine en ligne visant à lutter contre toute forme d’expression qui incite au rejet, à la haine raciale, la xénophobie et l’homophobie. Leur page Facebook est toujours très active. De plus, le manuel « Connexions – Manuel pour la lutte contre le discours de haine en ligne par l’éducation aux droits humains » édité par le Conseil de l’Europe, est révisé et traduit dans de nombreuses langues et offre une série de balises, de pistes ainsi que de nombreux ateliers pour lutter contre les discours de haine.
Infor Jeunes a participé activement au projet via la présidence du Comité national belge jusqu’à la fin 2015. En novembre 2015, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a décidé de renforcer la campagne de lutte contre la haine en ligne et a désigné le BIJ (Bureau international Jeunesse) comme coordinateur des actions menées. L’application No Hate a été créée pour s’informer, signaler, réagir et se faire aider.
En 2022, Infor Jeunes a également, avec S-COM participé au projet « Vis-à-vis – lutte contre la haine en ligne ». Nous avons eu l’occasion, dans le cadre de ce projet, d’accompagner des jeunes à cocréer une campagne de sensibilisation pour lutter contre la haine en ligne. Trois langages différents étaient proposés : le Slam, la vidéo et le podcast. Ces différents contenus sont disponibles sur le site internet du projet : https://contrelahaine.be/. À terme, ce projet vise à créer un centre de prévention et d’assistance (un Help Desk) en matière de cyber-haine et de cybercriminalité capable de comprendre les mécanismes qui génèrent des comportements discriminatoires, afin de proposer des réponses et des contre-récits efficaces. Le formulaire se trouve juste ici.
Depuis plusieurs années, dans plusieurs pays, différentes associations et des activistes mènent différentes actions pour lutter contre le discours de haine et la discrimination en ligne. Parmi celles-ci : MRAX, Loupiote, Betternet, Action Médias Jeunes…
Tout un arsenal législatif existe pour agir contre le discours de haine :
- Certains articles du Code pénal ;
- Les Lois contre le racisme, contre les discriminations entre les femmes et les hommes (la loi genre), contre certaines formes de discriminations ;
- La Loi relative à la protection des données physiques à l’égard des traitements de données à caractère personnel ;
- La Loi relative aux droits d’auteur et droits voisins ;
- La Loi relative aux communications électroniques ;
- La Convention européenne des droits de l’homme.
MAJ 2024